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Trouver du travail, oui, mais pas dans n’importe quelles conditions. De plus en plus diplômés, les candidats sont aussi de plus en plus exigeants avec leur potentiel employeur… et disent non quand on leur propose un poste.

Trouver du travail, oui, mais pas dans n’importe quelles conditions. De plus en plus diplômés, les candidats sont aussi de plus en plus exigeants avec leur potentiel employeur… et disent non quand on leur propose un poste.

Le rapport de force s’équilibre, et s’il arrivait que l’entretien d’embauche soit trop facile, cela pourrait démotiver le postulant, au point de refuser le contrat. C’est du moins ce que révèle une étude Glassdoor, qui a recueilli pendant 11 ans des avis de candidats sur sa plateforme de recrutement. 16,5% des 15 680 interrogés refusent un poste s’ils s’ennuient en entretien. https://www.businessinsider.fr/les-francais-declinent-une-offre-demploi-sur-six-voici-pourquoi

Tout est une question de point de vue. Jusqu’ici, le processus de recrutement classique était construit selon l’idée qu’une entreprise cherche le meilleur atout pour étoffer son équipe et fonctionner correctement. Autrement dit, le monde de l’emploi avait une vision assez manichéenne des choses.

On trouvait d’un côté des candidats à la recherche d’un poste coûte que coûte. Leur objectif était d’avoir une “situation” (comme disaient nos parents et grands-parents), d’être stable et d’avoir la “sécurité de l’emploi”. Fuir le chômage était une priorité absolue.
De l’autre côté de cette conception binaire du monde du travail, se trouvaient des entreprises exigeantes, à la recherche de la perle rare. Toute la logique était dirigée vers le bien-être de l’entreprise, dont le rôle dans la société et l’économie a toujours été mis en avant. Mais cette opposition paraît simpliste aujourd’hui…

Selon une longue étude, menée par Glassdoor sur onze ans, les candidats aussi ont leurs exigences ! Pas question d’accepter tout et n’importe quoi sous prétexte qu’avoir un travail est important. La plateforme américaine, depuis laquelle les employés évaluent leur environnement de travail de façon anonyme, a recueilli un total de 15 680 avis depuis janvier 2008. Après analyse, elle s’est aperçue que les candidats disaient parfois (plus souvent qu’escompté) non aux offres d’emploi après validation à l’entretien. Une offre sur six serait refusée par le postulant.

La difficulté de l’entretien en cause

Cette observation s’applique tout particulièrement à deux générations : les millenials (nés entre 1977-1994) et la génération Z (1995-2010). Pour cette dernière, un entretien trop facile n’est pas motivant et pousse à refuser l’emploi. C’est surtout le cas dans les métiers techniques, de services aux professionnels, ou dans les secteurs de l’information, de l’aérospatial, de la finance, de l’immobilier ou du domaine juridique, souligne l’étude. Les entretiens trop difficiles conduisent au même résultat négatif : les postulants de la restauration, de la vente de détail, de la santé et du tourisme ne signent pas !

Une économiste et data scientist de Glassdoor résume en une phrase l’évolution de ce rapport à l’emploi et le challenge qui se joue autour de l’entretien d’embauche, d’un côté comme de l’autre : “Les entretiens ne sont pas seulement un moyen d’identifier des candidats qualifiés, mais aussi un moyen de donner envie aux meilleurs talents”. La séduction qui s’opère ne fonctionne pas à sens unique, l’entreprise doit elle aussi être convaincante pour le postulant, qui n’est pas qu’un pion de son système mais un “talent” à dénicher.

L’emploi en grand chamboulement

Le CDI n’est plus un graal pour tout le monde. La France compte de plus en plus de travailleurs ayant choisi des alternatives : l’auto-entreprise (en 2019, 386 326 micro-entreprises ont vu le jour), le statut de freelance, l’intérim ou l’alternance de CDD avec des pauses volontaires entre chaque emploi. La qualité de vie prend de plus en plus de place et empiète sur le travail. Pourquoi se tuer à la tâche ? Pourquoi s’ennuyer des heures derrière un bureau lorsque l’option du temps et de l’espace s’offre à nous ?

L’argent passerait même en second plan ! Voilà qui explique la quantité de témoignages de changements de vie radicaux ces dernières années. Nombreux sont ceux qui racontent leur prise de conscience d’un quotidien aliénant, avant de tout quitter pour nourrir une passion plutôt qu’une carrière. Toutes générations confondues. “J’ai tout quitté pour devenir vigneronne”, explique la fondatrice de la Chapelle de Novilis, Nathalie Jeannot, sur son site internet. L’ex commerciale en pharmaceutique établie en ville est partie ouvrir son domaine sans rien connaître de la vigne, à 50 ans. La tendance est telle qu’un récent média s’y est intégralement consacré : les Déviations.