Signera ? Ne signera pas ? Après plus de 20 ans de négociations avec les pays d’Amérique du Sud, l’accord de libre-échange avec le MERCOSUR arrive enfin dans sa phase finale de ratification.
Si le président de la République considère l’accord « bon en l’état » ce n’est pas l’avis de tout le monde, y compris au sein de sa majorité.
Contester la parole présidentielle n’est pas dans l’ADN des élus de la République En Marche. Si de telles sorties ont eu lieu, c’est que le traité de libre-échange avec les pays du MERCOSUR est aussi ambitieux que controversé. C’est le député de la Creuse, Jean-Baptiste Moreau, qui a lancé les hostilités en le qualifiant de « naïveté libre-échangiste ». Il essaierait de convaincre le président de ne pas ratifier l’accord tel qu’il est présenté aujourd’hui.
A l’origine de cet accord, un constat économique très simple. L’Union Européenne et les pays du MERCOSUR ont un intérêt stratégique à commercer ensemble, compte tenu des avantages comparatifs détenus par chaque zone économique. Les européens ont un avantage dans la production de produits pharmaceutiques et chimiques, alors que les pays d’Amérique du Sud pourront faire profiter les pays européens de produits d’élevage à meilleur prix.
La question n’est évidemment ici pas d’ordre économique mais plutôt d’ordre politique et sanitaire. En ouvrant le marché européen aux produits sud-américains, les pays européens s’exposent au risque de voir leur filière agricole complètement déstabilisée.
En effet l’Amérique du Sud est connue pour ses « usines à bétail » produisant une quantité astronomique de bétail dans des conditions sanitaires bien éloignées des critères européens. C’est justement cette différence de critères, que comptent exploiter les détracteurs du traité, pour pouvoir contester cet accord et faire pression sur le gouvernement pour que le président ne le ratifie pas.
Parmi les points d’inquiétude légitimes portés par les détracteurs de l’accord, figure l’utilisation massive d’antibiotiques et de protéines en poudre dans les élevages sud-américains.
Même si les autorités françaises assurent qu’elles feront preuves d’une « grande vigilance » sur les critères sanitaires des produits importés, on a du mal à imaginer comment les autorités sanitaires pourront contrôler de manière efficace la gigantesque quantité de marchandises arrivant d’Amérique du Sud. Ainsi en plus de désavantager nos agriculteurs, l’accord avec les pays du MERCOSUR peut créer une brèche dans les normes sanitaires de l’Union Européenne.
Mais l’enjeu n’est pas uniquement sanitaire ou social, l’impact écologique de cet accord est également un autre point noir.
Au-delà de l’impact écologique direct entrainé par l’augmentation des volumes échangés entre l’Amérique du Sud et l’Europe, les engagements écologiques d’Emmanuel Macron sont mis à mal. Le président avait fixé comme principe de ne plus passer d’accords commerciaux avec les pays ne respectant pas l’accord de Paris et ce n’est pas le cas des certains gouvernements du MERCOSUR.
En tête des pays problématiques se trouve le Brésil qui, depuis la prise de fonction du président Bolsonaro, s’est lancé dans une exploitation irraisonnée des ressources du pays.
De nombreuses ONG ont dénoncé la surexploitation de la forêt amazonienne.
Si le gouvernement, à travers la voix de son porte-parole, exprime une position incertaine quant à la ratification prochaine de l’accord, il semble improbable que nos partenaires sud-américains se plient à l’ensemble des conditions de la France.
En l’état, la ratification de ce traité par la France serait un renoncement des engagements écologiques de la part du président au profit des intérêts économiques.