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A l’heure où la parole sur les inégalités et les violences est plus libérée que jamais, où en est-on de l’égalité des sexes en entreprise ? Une étude Equileap, parue à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes début mars 2020, menée à l’échelle de l’Europe sur 255 entreprises, répond à la question. Mais comment se place la France dans le classement ?

En matière d’égalité homme/femme en entreprise, l’Europe est plutôt connue pour être bonne élève. Pour le vérifier, le cabinet Equileap a étudié les chiffres de 255 entreprises du CAC 40 de République Tchèque, d’Allemagne, du Danemark, de France, d’Italie, de Grèce, d’Espagne, de Pologne, de Roumanie et de Suède.

Dix-neuf critères ont été appliqués dont les écarts de salaires, le nombre de femmes au conseil d’administration, les stratégies de recrutement, la politique de congés parentaux. A la suite d’analyse des données officielles et de de demandes complémentaires, Equileap propose un classement dont la France est grande gagnante.
Elle récolte un score de 52/100, devant la Suède (49), l’Espagne (46), l’Allemagne (44) et l’Italie (42).

Des problèmes persistent, d’abord du côté de la transparence des entreprises au sujet de l’égalité des sexes. Mais plus fondamentalement, ce sont les écarts de salaires qui posent question. La cofondatrice et directrice générale du cabinet, Diana van Maasdijk expliquait à l’AFP : “pour 90% des sociétés européennes que nous avons examinées, nous n’avons pas trouvé de stratégie pour réduire les écarts de salaires.” Le rapport souligne par ailleurs qu’en Europe seule une entreprise sur dix met en place une méthode pour combler cet écart. Mention spéciale pour la France chez qui ce chiffre est multiplié par 4.

Une situation qui progresse en France

Cela s’explique par des mesures prises depuis 2011, année d’application du quota minimum de 40% de femmes dans les conseils d’administration. Résultat aujourd’hui ? La France a le taux d’activité des femmes le plus élevé des pays d’Europe.

Il faut dire qu’elle a l’oeil sur ses entreprises en matière d’égalité. L’objectif est de publier un index d’évolution sur le sujet en amont de la journée internationale des droits des femmes, chaque année. Alors que cet examen concernait les entreprises de plus de 1 000 salariés en mars 2019, il s’applique aujourd’hui à toute entreprise d’au moins 50 salariés depuis le 1er mars 2020.

Quel écart de rémunération entre les sexes ? Quelle répartition des augmentations et des écarts de promotions ? Chaque année, plusieurs questions sont posées aux firmes, qui transmettent leurs chiffres et se voient attribuer une note sur 100. Moins de 75 points ? C’est la “mesure corrective” qui est alors appliquée, laissant à l’entreprise trois ans pour se mettre au niveau.

En 2020, les nouvelles sont relativement bonnes pour l’égalité homme/femme en entreprise. Avec une moyenne qui a pris 4 points pour les 1200 plus grandes entreprises françaises, passant de 83 à 87/100. Et les entreprises dites égalitaires, avec un score de 99 ou 100 a aussi progressé : de 36 l’année dernière, la France est passée à 55 entreprises cette année. Parmi elles : le laboratoire Lilly France, le loueur Novasol, les Compagnons du devoir ou encore la MAIF.

Il reste du pain sur la planche

Si la France est bonne élève à l’échelle de l’Europe, toutes ses entreprises ne sont pas pour autant exemplaires. Et le ministère du Travail n’a pas hésité à se prêter au jeu du “name and shame” pour les 19 firmes qui ne dépassent pas la note de 75/100. Alsace Croisières CroisiEurope, Securitas France ou encore Derichebourg propreté ont notamment été pointés du doigt.

S’il est important de noter les avancées en matière d’égalité des sexes au travail, des progrès restent à faire. Le “plafond de verre” reste bien réel. Muriel Pénicaud, ministre du travail, s’est désolée de constater que 90% des plus hautes rémunérations sont toujours attribuées à des hommes dans 50% des entreprises. Plus de 46 ans après l’inscription du principe “à travail de valeur égale, salaire égal”, l’écart salarial entre hommes et femmes reste élevé à 9%. Avec, sans surprise, les hommes en tête.