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Essence, produits d’entretien et alimentaires, vêtements, électroménager… L’augmentation des prix n’épargne aucun secteur. En ce début d’année 2022, l’inflation s’installe en France et, selon l’INSEE, les prix à la consommation ont augmenté de 5,8% en un an.

Pour éviter le pire, les entreprises et les ménages s’adaptent, chacun à son échelle, et tentent de trouver des solutions. Dans ce contexte de crise inflationniste défavorable, comment les différents acteurs sont touchés et s’adaptent ?

Prix des matières premières : une inflation historique

En pleine crise énergétique, à laquelle s’ajoutent des perturbations des chaînes d’approvisionnement et l’invasion de l’Ukraine, les prix des matières premières ont fortement augmenté.

Depuis le début de l’année 2022, l’indice CRB (pour Commodity Research Bureau), qui intègre le prix de 19 matières premières (énergie, métaux et produits agricoles), a augmenté de plus de 33% (et de près de 54% sur un an). 

L’indice de la FAO, qui suit l’évolution du prix des biens alimentaires de base, a augmenté de son côté de 18 % et l’or a atteint des cours historiquement hauts avec une augmentation de 10%.

Contre (presque) toute attente, entre juin et juillet 2022, les prix des matières premières ont fortement plongé. En moins d’un mois, l’énergie, les métaux et les matières premières agricole) se sont repliés, en moyenne, de 20% si on prend comme référence l’indice Bloomberg, allant même jusqu’à effacer la hausse de l’indice liée à l’invasion de l’Ukraine.

Cette baisse serait liée à deux facteurs : la crainte d’un ralentissement de la demande et le retour progressif “à la normale” après la crise sanitaire.

Néanmoins, cette importante chute est marquée par la crainte d’une récession, notamment à cause d’un ralentissement de la demande et de la production qui persiste.

Par ailleurs, à la fin de juillet 2022, l’INSEE indique qu’une décélération des prix de l’énergie est observable, après une forte progression sur un an, notamment grâce à un repli des prix des produits pétroliers.

Les entreprises font face à d’importants coûts

La hausse des coûts des matières premières et de l’énergie chamboule l’organisation des entreprises. Avec des coûts fixes et de production qui augmentent et une demande qui diminue, la trésorerie des entreprises, déjà mise sous tension pendant la crise sanitaire, est de plus en plus mise à mal. 

Selon la dernière grande consultation des entrepreneurs (réalisée par OpinionWay pour CCI France, La Tribune et LCI), 45% des chefs d’entreprise interrogés redoutent de souffrir de difficultés à la rentrée pour maintenir une trésorerie en bonne santé.

Pour s’adapter à toutes ces hausses de prix, les entreprises n’ont donc pas d’autre choix que de s’adapter et de miser sur de nouvelles stratégies. Non seulement pour minimiser leurs coûts, mais également pour limiter l’inflation de leurs propres prix. 

Sécurisation des achats, adaptation de la production, gestion des chaînes d’approvisionnements Cela commence notamment par la négociation des prix et la recherche de compromis auprès des fournisseurs, eux-mêmes également concernés par ces problématiques.

La question des salaires est également abordée et certaines entreprises font évoluer leur politique salariale afin de sauvegarder le pouvoir d’achat de leurs employés. En France, 35% des entreprises ont revu, ou envisagent de revoir, à la hausse le budget des augmentations salariales annuelles. 

Enfin, avec des coûts qui augmentent, certaines entreprises seraient tentées de faire l’impasse sur leur budget marketing et communication.
Or, ces stratégies peuvent bien faire la différence en temps de crise : en 14 ans, le dernier iPhone se vend 81% plus cher que le premier, soit une augmentation de 26% par rapport à l’inflation sur la même période, notamment grâce aux stratégies marketing mises en place par Apple.

En France, une inflation record

Comme dans toute crise inflationniste, l’augmentation des prix des matières premières provoque inévitablement celle des coûts des entreprises et donc celle des prix à la consommation pour leurs clients. 

En juin, l’inflation française a progressé jusqu’à franchir la barre des 5%, ce qui n’était pas arrivé depuis 2008. Selon l’INSEE, l’inflation accélère et a atteint 6,1% sur un an en juillet 2022, un record qui n’avait été atteint qu’en 1985.

Nous pouvons ainsi observer des augmentations de prix, d’au moins 21 catégories de biens de grande consommation, à plus de 10%. 

Le bout du tunnel n’est toujours pas visible : avec une situation mondiale déstabilisée, nous pouvons nous attendre à des variations de prix et une inflation persistante jusqu’en 2023. Selon le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, dans une interview accordée au Figaro le 31 mai 2022, la France devrait sortir du « pic d’inflation fin 2023 »​.

Les ménages consomment moins et moins cher

Dès la fin mai 2022, alors que l’inflation n’avait pas encore atteint ses niveaux d’aujourd’hui, les français étaient inquiets et commençaient d’ores et déjà à réduire leurs achats de biens, qu’ils considéraient comme “non essentiels” : vêtements, ameublement ou électroménager. 

Dans un sondage réalisé par LSA, 52% des français estimaient que leur pouvoir d’achat était déjà plutôt mauvais.

Les français se retrouvent alors contraint de prioriser certains achats et de se priver d’autres. Selon un baromètre Kantar, réalisé pour LSA, en juin 2022, les français, qu’ils soient aisés ou modestes, réduisent globalement leur consommation de produits frais et se tournent vers des produits secs qu’ils peuvent facilement stocker.

Pour faire face à l’inflation, les choix d’achats des français se tournent également vers les marques de distributeurs, aussi appelées marques « classiques » (à ne pas confondre avec les marques “premiers prix”), qui sont moins chères que les grandes marques et qui proposent souvent une qualité nutritionnelle équivalente.

Selon une étude de l’Observatoire Société & Consommation, parmi les 39% de Français qui disent « restreindre » leurs dépenses alimentaires en 2022, 78% « renoncent aux grandes marques pour les marques de distributeurs ». Parmi celles-ci, il est à noter que c’est tout particulièrement l’offre premier prix, de 40% à 50% moins chères que les marques nationales, qui connaît la progression la plus rapide.

Enfin, si les marques de grandes distributions sont trop chères en grandes surfaces, les consommateurs français n’hésitent plus à se rendre dans des magasins de déstockage. Ils y retrouvent leurs produits préférés à prix cassés, relayant au second plan la mise en rayon et la diversité de choix.

Aujourd’hui, ces produits bon marchés génèrent beaucoup moins de réticence auprès de la population française, dont les priorités actuelles semblent aller bien au-delà d’une image de marque.

Sources

Coût des matières premières : 1, 2, 3, 4, 5 ; Les entreprises face à l’inflation : 1, 2, 3, 4, 5 ; Hausse des prix et comportements des ménages : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 89