Au mois de juin 2023, l’Union européenne a déclaré vouloir « faire le ménage dans les notations ESG » afin d’éviter l’écoblanchiment. Face aux défis environnementaux croissants qui pèsent sur notre planète, la finance verte se présente alors comme une solution cruciale.
Visant à favoriser la transition énergétique et la lutte contre le réchauffement climatique, la finance verte encourage les investissements pour développer des activités durables et respectueuses de l’environnement.
Depuis la première émission par la Banque européenne d’investissement en 2007, le marché mondial des obligations vertes a connu une croissance exponentielle. En 2020, il atteint un record de 270 milliards de dollars et au premier trimestre de 2023, près de 164 milliards de dollars, témoignant d’un intérêt croissant pour une finance plus responsable.
Un boom à l’échelle mondiale
L’éclosion de la finance verte à l’échelle mondiale a été spectaculaire. La prise de conscience croissante des enjeux climatiques et la pression de l’opinion publique ont joué un rôle majeur dans l’essor de la finance verte. Les préoccupations concernant le changement climatique et la dégradation de l’environnement ont suscité une demande croissante pour des investissements respectueux de l’environnement.
De plus, les réglementations et accords internationaux, tels que l’Accord de Paris sur le climat de 2015, ont joué un rôle catalyseur en incitant les gouvernements et les acteurs économiques à adopter des politiques et des mesures incitatives favorables à la finance verte. En mettant l’accent sur la nécessité de réduire les émissions de carbone et de promouvoir la durabilité, ces accords ont contribué à façonner l’environnement réglementaire et ont encouragé les investissements verts à travers le monde.
À partir de 2015, de nombreux pays prennent alors des mesures responsables. La France crée notamment le label ISR, en 2016, afin d’offrir une meilleure visibilité aux fonds d’investissement respectant les principes de l’investissement socialement responsable et l’Allemagne montre sa volonté de s’orienter vers une finance plus responsable, en 2017, avec « la déclaration de Francfort » (sic), visant à promouvoir la finance verte auprès des acteurs financiers allemands.
BlackRock, l’un des plus grands acteurs mondiaux de la gestion d’actifs, a également annoncé en 2020 un engagement de 1 000 milliards de dollars dans des investissements durables. Cet engagement massif témoigne de l’influence croissante de la finance verte sur les décisions d’investissement des acteurs financiers majeurs.
En conséquence, de plus en plus d’entreprises intègrent les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) dans leur stratégie d’investissement, ce qui conduit à une allocation accrue de capitaux vers des entreprises et des projets à fort impact environnemental positif. Selon l’étude “Do ESG Efforts Create Value?”, les entreprises intégrant ces critères seraient d’ailleurs plus performantes, à de nombreux niveaux (bien-être des employés, rendement, attractivité, résistance aux risques…).
Les défis d’une finance durable parfois controversée
Malgré ses succès, la finance verte doit encore relever des défis importants. Les résistances des acteurs traditionnels, les contraintes réglementaires et les lacunes en matière de données représentent autant d’obstacles à surmonter. Les critiques portent notamment sur le manque de normes et de définitions claires, qui peuvent entraîner une confusion et faciliter le greenwashing.
Un exemple révélateur est celui de DWS Investments, qui a fait l’objet d’une enquête en 2021 pour avoir surestimé le poids de ses encours « verts » et avoir mis en avant des investissements présentés comme « plus verts » et « durables » qu’ils ne l’étaient en réalité. Cette affaire souligne l’importance de la transparence et de la vérification des allégations environnementales dans la finance verte afin de contrer les pratiques de greenwashing.
De plus, la mesure et la transparence des impacts réels des investissements verts sont souvent jugées insuffisantes, ce qui rend difficile la comparaison et l’évaluation des performances environnementales. Les investisseurs et les entreprises recherchent alors des normes et des indicateurs clairs pour évaluer l’impact réel des investissements verts et s’assurer qu’ils contribuent réellement à la transition vers une économie plus durable.
Enfin, de nombreux acteurs ne parviennent pas à s’aligner sur l’Accord de Paris. En conséquence, nous pouvons citer la limite d’augmentation de 1,5 degré qui a largement été dépassée en Europe ces dernières années.
Des perspectives prometteuses
Malgré ces défis, les perspectives d’avenir de la finance verte sont prometteuses. La demande croissante des investisseurs pour des investissements durables pousse les acteurs financiers à innover et à développer de nouveaux produits financiers. Les prêts verts, les obligations liées à la durabilité et les fonds indiciels ESG gagnent en popularité, offrant aux investisseurs une gamme plus large d’options pour investir dans des projets à fort impact environnemental positif.
Des initiatives telles que le « One Planet Summit », organisé par le gouvernement français en 2017, mettent en avant le rôle du secteur financier dans la lutte contre le changement climatique et d’autres pays prennent le même chemin.
Alors que nous continuons à écrire cette histoire, il est donc crucial de renforcer les réglementations, d’améliorer la transparence des données et de promouvoir l’innovation pour maximiser l’impact de la finance verte, ouvrant ainsi la voie vers une nouvelle ère financière axée sur la durabilité et la préservation de l’environnement.