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Soit philosophe, soit mathématicien ? La question ne s’est pas posée pour Luc De Brabandere qui, à 73 ans, dispose d’un parcours atypique. D’ingénieur civil en mathématiques à responsable de système d’information à la Générale de Banque, il est nommé à 41 ans directeur général de la bourse de Bruxelles. Démarre pour lui une seconde vie professionnelle lorsqu’il développe une approche philosophique du management et des technologies, il crée alors la “philosophie de l’entreprise”. Une rencontre à mi-chemin entre le monde des chiffres et celui de la philosophie.

 

Vous avez eu un parcours hétéroclite ! Vous avez commencé par le secteur bancaire, puis le conseil en entreprise,  vous avez ensuite dirigé l’institut géographique de Belgique, vous êtes devenu le directeur général de la bourse de Bruxelles, puis maintenant vous êtes philosophe d’entreprise. Comment expliquez- vous cette diversité professionnelle ?

Le fil rouge de ma vie professionnelle, c’est la créativité, la prospective et la vulgarisation. Je regarde toujours devant. Je veux toujours chercher à m’améliorer.

Je suis devenu philosophe d’entreprise car j’ai voulu transformer ma passion en métier, et expliquer à mes clients “comment” penser leurs problèmes.

Un philosophe n’apporte ni nourriture, ni recettes, il suscite de l’appétit. Son métier premier est de clarifier. Il ne veut pas avoir raison, il veut être utile.

Qu’est ce que la philosophie d’entreprise ?

Dans les entreprises il y a deux domaines.

Celui où il y a des chiffres comme la comptabilité, l’informatique, la logistique, l’énergie etc. Un autre où il n’y pas de chiffres, comme l’image de marque, le stress, la raison d’être, l’éthique, la créativité, l’esprit d’équipe etc.

La philosophie en entreprise est une exigence de rigueur lorsqu’il n’y pas de chiffres, car le risque y est grand des vœux pieux, voire du café du commerce. La philosophie en entreprise c’est par exemple choisir des critères qui permettent de gérer les problèmes non quantifiables.

De quelle manière vos propos résonnent-ils auprès des publics qui assistent à vos conférences ? 

Je parle et interviens devant tout type de public, et donc n’évoque que peu les domaines d’activité qui sont les leurs, d’autant plus que le plus souvent je n’y connais pas grand chose !

Grâce à de solides arguments bien structurés et émaillés d’anecdotes de la vie quotidienne, je suscite de l’étonnement et de la motivation. Je leur parle de perception, de biais cognitifs, d’algorithme. J’ai parfois l’impression d’offrir aux participants des boîtes vides dans lesquelles ils peuvent eux-mêmes mettre leurs idées ou leurs souvenirs.

Souvent après la conférence on vient me remercier en me disant  “Vous m’avez fait penser… ». Et j’ai envie de les interrompre, en disant que c’était mon but !

Quel est selon vous l’avenir du collaborateur en entreprise ? Quels sont les enjeux de demain ? 

L’avenir n’a jamais été aussi incertain.

L’enjeu n’est plus tant d’essayer de prévoir, mais beaucoup plus d’être prêt, et tout découle de cela.

Agilité, flexibilité, réactivité, créativité, efficacité dans la communication…

Ce sont les compétences demandées aujourd’hui.

Dans La bonne idée existe, un livre publié en 2013, je décris un exercice où je demandais aux participants d’imaginer sept ans plus tard, soit en 2020, un monde où le trafic aérien chute de 90% !

Et un autre où je demandais d’imaginer les frontières intra-européennes fermées ! Je ne suis pas un devin, mais crois à la capacité de développer plus que jamais nos trois modes de pensée, logique, créatif et critique.